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PRIÈRE


V

« Donnez à mes amis, les lépreux d’aujourd’hui,
« Le dédain de l’orgueil, le mépris de la haine.
« Donnez-leur le besoin d’aimer ceux qu’on malmène,
« La grandeur de baiser le pied qui les poursuit. »

Dis-lui ça, mon petit, à ton maître, dis-lui !
Qu’il sache la valeur des désirs qu’on égrène ;
Car il ne faudra pas qu’un jour il se méprenne
Sur votre loyauté ; qu’il reste votre appui,

Mais qu’il n’ait jamais l’ombre offensante du doute,
Il a su par lui-même, hélas ! ce que vous coûte
Tout un renoncement pour le bonheur d’autrui.

Il devra vous aider à former la phalange
D’où naîtront ceux qui vont balayer notre fange :
Il sera le noyau dont vous serez le fruit.