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Page:Londres - L’Âme qui vibre, 1908.djvu/19

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L’ÂME QUI VIBRE


Le cygne que l’on voit s’ébattre sur mes eaux,
N‘est pas un cygne blanc paradeur et superbe :
C’est un oiseau blessé, sans orgueil et sans verbe,
Qui tremble quand le vent fait siffler les roseaux.

Un jour qu’il s’en allait sur la mer inclémente,
Il fut, par la tempête, assailli sans merci.
Il lutta. Mais la mer voulut lutter aussi.
Et son cou provoquant courba sous la tourmente.

Alors, il se dressa les deux ailes en croix,
Et d’un geste sauvage, héroïque et barbare,
Il pointa vers le ciel, enflammé comme un phare,
Son bec qu’il replongea dans son corps par vingt fois.

Et, sans pousser un cri de douleur ou de rage,
Regardant fièrement couler son noble sang
Sur ses ailes de neige et sur son manteau blanc,
Il sema par la mer son glorieux plumage.

Vous le retrouverez au tournant de mes pages.