J’ai tâtonné six ans et je n’ai pas encore
Trouvé pourquoi le jour se lève après l’aurore,
Et pourquoi, quand le jour s’enfuit, paraît la nuit.
J’ai labouré six ans pour récolter l’ennui.
L’arbre de la grand’route où souffle la rafale,
Est mieux gardé du vent que moi de la cabale.
On dirait que le ciel me punit d’être né.
Je suis toujours la ville où l’assaut est donné.
Trop faible, ayant voulu provoquer la tempête,
Sous le poids des grêlons j’ai dû courber la tête.
Dans l’océan du monde, où m’a jeté le sort,
Plus je rame et m’épuise, et moins j’atteins le port.
On m’a livré trop jeune au combat de l’arène,
De sorte que j’arrive, autour de la vingtaine,
À n’avoir plus d’envie et d’espoir encor moins
Tout en sentant en moi d’innombrables besoins.
J’ai tout fait pour reprendre un peu goût à la course :