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LA CHINE EN FOLIE

Le docteur Yen jouait joyeusement. S’il parlait le français avec lenteur ce n’était pas pour rassembler ses mots, mais pour mieux goûter la récréation qu’il s’accordait. Il fait partie de ces Chinois dont l’esprit vaste comme leur Empire offre tous les tons de l’intelligence,

— En France, monsieur, croyez-vous au sort ?

— Guère au delà de l’affaire de prendre ou de ne pas prendre le train un vendredi treize.

— Ce n’est pas suffisant. Je comprends dans ce cas que vous ne puissiez vous passer de gouvernement. En un mot, vous vous livrez aux pauvres hommes que nous sommes. Votre conviction est que rien ne se peut régler sans nous. J’aime cette confiance en des moyens humains. Elle doit vous être d’un haut secours moral et soutenir vos hommes d’État dans l’accomplissement de leur dur devoir éphémère. Pour nous, Chinois, le Destin compte davantage. C’est ce qui vous explique la situation actuelle de la République du Céleste Empire. Les hommes sont si pondérables et le mystère de l’infini si impondérable ! Agir ? quand l’inconnu décide de temporiser ? Vains mouvements de la part de nos membres !

De même que la mer monte et se retire, que la lune paraît et disparaît, toujours la paix succéda