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LA CHINE EN FOLIE

remplirait à peine deux wagons. Mais ces hommes sans foyer et sans avenir s’aiment confortablement. Quand, à l’appel d’un événement, l’un met le pied sur un bateau, il balaye tout de suite le pont du regard dans l’espoir des camarades.

Cependant, la destinée voulait que parmi tous — et je pense à vous, mes vieilles mouettes qui vous appelez Henri Béraud, Édouard Helsey, René Puaux, Jean Vignaud, — et qui t’appelais André Tudesq, nous fussions, Ward-Price et moi, particulièrement voués à la même catastrophe.

Nous n’arrivions pas toujours ensemble. Non ! Ainsi l’un venait de traverser l’Atlantique et le Pacifique, l’autre, la Méditerranée et l’Océan Indien, mais qu’importait ? Une flaque de sang n’allait-elle pas tacher la Chine ? Alors ils se retrouveraient. N’est-ce pas, Anglais de mon cœur ?

Je regardais Ward Price et ne le reconnaissais pas tout à fait.

— Qu’est-ce qui vous manque ?

— Rien, fit-il, j’ai touché un chèque à Shanghaï avant-hier.

Ces Anglais ne pensent qu’à la livre sterling !

— Ce n’est pas ce que je veux dire. Il vous manque quelque chose.