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LA CHINE EN FOLIE

Moukden. Elle commence à la gare et ne finit pas. Si l’Enfer, au lieu d’être un endroit où l’on cuit, était un lieu où l’on gèle, l’Avenue de Moukden serait l’avenue qui conduit chez Satan.

Le jour avait pris son courage à deux mains : il se levait. Moi j’aurais bien voulu me coucher. Un cri plaintif s’échappa de ma poitrine. Le coolie se retourna. De nouveau je posai ma tête sur l’oreiller de mes mains.

— Yes ! Yes !

Un rond-point ! Là, les vents sibériens étaient tous au rendez-vous et dansaient, au petit jour, un ballet diabolique. Il me semblait que d’invisibles hommes de peine, prenant mon visage pour un parquet, le passaient à la paille de fer.

Une pyramide ! Les citoyens de ce pays n’auraient-ils pas mieux fait de construire un hôtel à la place de cette pyramide ? Dessus une date : 1905.

Dix neuf cent cinq ? Ah oui ! Moukden 1905 ! où les officiers de feu le pauvre tsar firent la noce au lieu de faire la guerre ! Et une idée sillonna mon esprit. Je venais de trouver pourquoi Kouropatkine avait perdu la bataille de Moukden. Ce matin-là, il devait faire froid comme aujourd’hui et les