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Page:Londres - La Chine en folie, 1925.djvu/82

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LA CHINE EN FOLIE

vieille peau de bête sur quoi il a plu et, prenant leur bol pour une auge, ils mangeaient comme des porcs balkaniques. Dehors le froid ridait les doubles vitres. Tout cela sentait la steppe désolée. Ô Madame si blonde, il n’y a vraiment que vous, au milieu de ce pays de loups, qui soyez riante comme une petite source imprévue !

Elle se leva, et, lentement, quitta la salle. Dans le hall elle prit sur la table un journal chinois et le reposa. Une carte du monde pendait au mur. Elle la regarda. Face aux cinq continents et à tous les océans verts, elle n’était, de plus en plus, qu’une gracieuse petite naufragée. Dans sa main elle tenait une orange qu’elle emportait de la salle à manger dans sa chambre. Elle enfouit son tendre museau dans la fourrure de son renard, puis, d’un pas égaré de mélancolie, elle rentra chez elle, au numéro 6. Elle ne savait pas davantage que moi, évidemment, ce que, ce soir, elle faisait dans la vie. Et moi j’étais le numéro 5.

Allons toujours fumer une cigarette sur le trottoir. Il faut que je m’habitue à l’hiver mandchourien. Je sortis pieusement mon paquet de tabac de