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LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

— Eh ! dis-je, comment faites-vous pour surveiller d’ici une femme à Londres ?

— La femme de Londres, c’est ma femme !

— Hé ! là !

— Pas la vôtre, bien sûr, ma casquettière ! La petite travailleuse de Mendoza ! Après la guerre je l’ai menée à Londres. Je l’ai installée. Je l’ai mariée.

— Alors elle n’est plus à vous ?

— Pourquoi ?

— Elle est mariée.

— Oui ! mais elle n’est mariée qu’officiellement ! Quand, à Londres, une Française est arrêtée dans la rue, on la renvoie en France. Vous comprenez ?

— Oui.

— Il faut donc la faire Anglaise pour qu’on ne puisse pas l’expulser.

— Bon !

— Alors on va sur les quais. On choisit un pouilleux quelconque pourvu qu’il soit Anglais, et autant que possible célibataire. On lui dit : tu vas épouser ma femme et tu auras vingt livres. Le mariage est bâclé dans les quarante-huit heures. À la fin de la cérémonie on va boire le coup ensemble. On donne les vingt livres. Ensuite on dit au « mari » adieu ! et que l’on ne te revoie plus.