poésie. Il conseillait à tous les jeunes coloniaux de ne pas s’arrêter au Gabon et le quatrain se terminait ainsi :
Le lendemain l’Europe jetait l’ancre devant Libreville. C’était le Gabon.
Rass n’écrivait plus. Du bateau il regardait le pays. Ça ! me dit-il, c’est l’église ; un peu plus haut c’était notre maison et par derrière : le cimetière.
Il avait habité ici, avec une Gabonaise. Les Gabonaises sont aux gens d’Afrique ce qu’autrefois les Japonaises étaient aux Extrêmes-Orientaux : les petites alliées. On les commande, elles viennent vous trouver au Congo, au Dahomey, plus loin…
— Moi, dit Rass, j’étais dans l’Oubangui Chari… J’avais envoyé des fonds à un camarade et lui avais dit : expédie-m’en une. Deux mois après, un soir, au club, alors que je ne pensais plus à ça, on vit arriver une fille d’un autre pays, vêtue comme le serait un singe de foire et juchée sur des talons Louis XV. Elle regarda les hommes et dit : « Moi venir trouver Missié Ass ».
— Rass ! c’est ta Gabonaise, crièrent les gens du Club.
— Eh ! bien ! approche, fis-je.