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Page:Londres - Terre d'ébène, 1929.djvu/223

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TERRE D’ÉBÈNE

Elle s’avança, me salua et dit : Voici ton femme.

Cela commença ainsi et dura huit années. Elles me l’ont empoisonnée !

— Qui ?

— Eh ! les vieilles matrones parce que la petite ne voulait pas quitter son blanc. Ce fut lent ! Je l’ai vue deux mois durant descendre sa vie. Elle disait : je vais mourir, mais je laisserai ton linge bien en ordre. On n’oublie pas une Gabonaise. Je n’ai jamais remis le pied à Libreville, depuis.

— Débarquez avec moi, Rass, vous me ferez visiter le pays.

— Eh bien ! oui ! je débarque cette fois !


Les villes coloniales de la côte ressemblent à ces bergeries pour enfants moins les moutons ; quelques maisons mises n’importe où, quelques arbres, quelques personnages. Rass me conduisit tout de suite à l’église. Il n’y avait personne. Nos saints et nos saintes éprouvés sans doute par le climat avaient perdu leurs couleurs. Jusqu’au bleu de la ceinture de Notre Dame de Lourdes qui était maladivement pâle. Rass négligea les chaises des premiers rangs, gagna l’un des bancs du fond, chercha un peu, s’arrêta et dit : C’était sa place ! Et là, debout, casque à la main, il ferma les yeux.