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ÉVANGÉLINE

Les bannières de mousse et les vertes ogives
Qui flottaient au-dessus des ondes fugitives ;
Mais pas une voix d’homme, en ce lieu de terreur,
Ne répondit alors à l’appel du rameur.
Comme un pavot fleuri dont la tête s’incline
Sur le bord du canot la triste Évangéline
Inclina doucement son front toujours vermeil,
Et bientôt reposa dans un profond sommeil.
Les rameurs, en chantant des chansons Canadiennes,
Comme ils chantaient jadis, aux rives Acadiennes,
Quand ils se promenaient sur leurs fleuves profonds,
Dans les flots ténébreux plongeaient leurs avirons.
Et puis, dans le lointain, comme les sourds murmures
Des brises de la nuit qui bercent les ramures,
Ou des limpides eaux qui coulent sous les bois,
On entendait des bruits, mystérieuses voix,
Qui s’élevaient du fond de cette solitude,
Et venaient se mêler aux cris d’inquiétude