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ÉVANGÉLINE

De verser le nectar à la table des dieux.
Après qu’il eut fini son souper copieux
Il alluma sa pipe et parla de la sorte :
— « Oui, vous tous, mes amis, qui frappez à ma porte
« Après avoir erré sous des cieux inconnus,
« Je vous le dis encor : Soyez les bienvenus !
« L’âme du forgeron ne s’est pas refroidie !
« Il se souvient toujours de sa belle Acadie
« Et de l’humble maison qu’il avait à Grand Pré !
« Pour lui le malheureux est un être sacré !
« Demeurez près de moi dans ces fertiles plaines :
« Le sang ne gèle point dans nos bouillantes veines
« Comme gèle, en hiver, les rivières chez nous !
« Nul cailloux dans le sol n’excite le courroux
« Du laboureur actif qui tous les jours promène
« Le soc dur et tranchant à travers son domaine,
« Comme un marin conduit son esquif sur les eaux.
« On ne voit pas tarir nos limpides ruisseaux ;