Page:Longfellow - Évangéline (traduction Léon Pamphile LeMay), 1870.djvu/135

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
141
ÉVANGÉLINE

« Dans toutes les saisons les orangers fleurissent,
« Et les fruits les plus doux dans nos vergers mûrissent ;
« Des flots de blonds épis roulent sur les guérets
« Et les bois précieux remplissent les forêts.
« Au milieu de nos prés on voit sans cesse paître
« De sauvages troupeaux dont chacun est le maître.
« Quand nos toits sont debout au milieu des moissons ;
« Que nos grasses brebis, aux épineux buissons,
« Accrochent, en passant, leurs blancs flocons de laine ;
« Que d’un foin parfumé chaque grange est bien pleine ;
« Que, dans les prés en fleurs, les taureaux lourds et gras
« Paissent tranquillement ou prennent leurs ébats,
« Nul roi Georges ne vient, par d’infâmes apôtres,
« Sans honte nous ravir et les uns et les autres ! »
Le vieux Pâtre à ces mots fit, dans sa noble ardeur
Jaillir de sa narine un souffle de fureur,
Et frappa, de son poing, la table de mélèze.
Ses compagnons surpris bondirent sur leur chaise,