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ÉVANGÉLINE

Ils sortaient des forêts où pour toute pâture
Ils n’avaient pu trouver qu’une noix sèche et dure,
Leur vol rapide et sombre avait terni le jour.
L’insecte sans murmure avait fui son séjour.
Ainsi que dans les mois d’avril et de septembre,
Sur les champs émaillés et tout parfumés d’ambre,
L’océan pousse un flot qui monte, monte encor,
Jusqu’à ce que le pré soit lui-même un lac d’or ;
De même, franchissant sa borne accoutumée,
L’océan de la mort sur la plaine embaumée
Où fleurissaient, la vie, et l’amour, et l’espoir,
Poussa soudainement son flot impur et noir.
Le riche, par ses biens, la beauté, par ses charmes,
L’enfant, par ses soupirs, la mère, par ses larmes,
Ne purent désarmer le terrible oppresseur ;
Et le frère mourait dans les bras de sa sœur ;
L’enfant pâle et maigri, sur le sein de sa mère ;
L’époux en embrassant une épouse bien chère !