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ÉVANGÉLINE

On voit jouer, hélas ! les fils d’un étranger !…
Seulement, sur les rocs que le flot vient ronger,
Et sur les bords déserts du sonore Atlantique
On voit, de place en place, un paysan rustique.
C’est un pauvre Acadien dont le plaintif aïeul
Ne voulut pas avoir, pour sépulcre ou linceul,
La terre de l’exil si lourde et si fatale,
Et qui revint mourir à sa rive natale !


Cet homme, il est pêcheur ; il vit de son filet.
Sa fille porte encore élégant mantelet,
Beau jupon de droguet, chapeau de Normandie.
Elle a de beaux yeux noirs, une épaule arrondie.
Sa femme, tout le jour, tourne son gai fuseau ;
Ses garçons, comme lui, se complaisent sur l’eau.