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ÉVANGÉLINE

La nuit vint de nouveau : mais tout n’était pas fait.
La moitié des captifs sur la grève restait.
À son tour, l’océan, onduleux et limpide,
Reflua vers son lit, laissant le sable humide
Au loin tout recouvert d’algues, de noueux troncs,
D’arbres déracinés et de flexibles joncs.


Cependant les canots échoués sur le sable
Pour reprendre leur tâche impie et méprisable
De la haute marée attendaient le retour.
Auprès, les matelots s’endormaient tour à tour
Ignoblement repus de tabac et de bière.
Parmi les chariots, le long de la rivière.
Les pauvres exilés, sans abri, sans maison,
Ayant pour toit le ciel, pour couche le gazon,
Erraient plaintivement comme de pâles ombres.
Leur retraite semblait un amas de décombres.