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tantôt, unie comme une glace, elle réfléchit l’azur des cieux ou les nuages diversement contournés qui parcourent l’atmosphère.

N’ayant à bord aucune fonction à remplir, mon unique occupation était de contempler l’immensité du ciel et celle de l’Océan. Mes yeux avides y cherchaient des merveilles. Ils eussent voulu en sonder les profondeurs, en parcourir les abîmes, y voir ces plaines de sable différemment inclinées ; ces fleuves tortueux, ces montagnes, ces noires cavernes, ces précipices épouvantables qui causent les courants plus ou moins forts qui se manifestent à la surface de l’eau même ; ces vastes et sombres laboratoires de la nature d’où s’élancent au travers de l’onde des torrents de matières embrasées. Ils eussent voulu s’y promener entre ces végétaux divers, ces polypiers, ces groupes énormes de madrépores qui en revêtent les vallées, les montagnes et les rochers. Ils eussent voulu voir ces nombreux habitants dont la plupart sont encore inconnus et le seront toujours ; ces poissons de toute espèce, ces testacés sans nombre qui ne s’élèvent jamais au niveau des mers ; mais, ô nature, tu ne donnas pas à l’homme des sens assez parfaits ! que dis-je ? assez parfaits ! serait-ce une perfection ?… Si l’œil humain pouvait franchir ces distances infi-