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nies, sous quel aspect verrait-il les êtres qui l’environnent et qui lui semblent si charmants ? combien d’autres, qu’il n’aperçoit pas dans sa manière d’être actuelle, lui sembleraient des monstres hideux ?

Cependant, sur la surface des eaux, on voyait marcher en troupes les avides marsouins ; chaque cohorte semblait obéir à un chef qui la précédait. La pesante baleine se promenait gravement en poussant devant elle un flot d’écume. Le vorace requin, dans sa course vagabonde et solitaire, courait après des victimes ; la fine dorade fendait en tous sens la vague et semblait se plaire à faire admirer les belles couleurs de son dos ; la rapide frégate, poussé par les zéphirs, venait nous réfléchir les couleurs de l’arc-on-ciel.

Comme les habitants des déserts et des forêts immenses qui couvrent une partie des continents, ceux des mers se font une guerre continuelle et cherchent, dans de plus faibles qu’eux, l’aliment et la vie. Ainsi l’a voulu la nature pour empêcher les funestes inconvénients qui auraient résulté, pour notre sphéroïde, de leur prodigieuse multiplication. Chercher leur proie n’est cependant pas leur seul instinct ; ils possèdent aussi celui d’éviter les poursuites de leurs ennemis ; et la nature, en leur donnant