Page:Longin - Voyage a la Guadeloupe, 1848.djvu/15

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 7 —

à tous le sentiment de leur existence, leur donna les moyens de veiller à leur conservation ; ainsi, on voit le poisson ailé prendre dans les airs un vol incertain pour donner le change à l’ennemi qui l’allait dévorer ; ainsi, pour la même cause, on voit le joli petit pilote nager constamment sur le dos des requins.

Arrivés au tropique du Cancer, il fallut se soumettre à une cérémonie en usage sur tous les bâtiments : c’est le baptême du tropique. Tout étranger qui n’a point encore vu le ciel de la zone torride, n’en peut être dispensé. C’est une petite ruse à laquelle les matelots ont recours pour mettre les passagers à contribution. Ce sont eux qui sont acteurs dans cette scène comique.

La veille du passage, un courrier du bonhomme Tropique s’arrête sur le haut du grand mât, appelle le capitaine, lui demande d’où vient le navire, où il va ; l’avertit qu’il entre dans l’empire du tropique, et que le bonhomme descendra pour présider au baptême des passagers et des matelots qui n’auraient pas encore parcouru ces parages. Aussitôt tombe sur le pont une grêle de pois : ce sont les bonbons du baptême, Le lendemain matin, on voit descendre des mâts le bonhomme Tropique,