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l’horizon, le matin et au soir d’un beau jour, quand le soleil vient à commencer ou à terminer sa carrière. On les voit prendre, dans un instant, toutes les formes possibles. Tantôt c’est un paysage qui représente des vallées, des montagnes et des bois ; tantôt ce sont des animaux de mille espèces différentes dont l’attitude varie sans cesse. Mais ce qui rend cette scène plus charmante encore, c’est la diversité et l’éclat des nuances qui s’y font remarquer, jeux admirables des rayons primitifs qui s’y combinent à l’infini, l’azur du ciel y est plus prononcé, les étoiles plus brillantes que dans les zones tempérées. La lumière que réfléchit la lune est quelquefois si vive qu’on y lit presque aussi facilement qu’à celle du jour.

Il était à peu près neuf heures du soir quand, après trente-cinq jours d’une assez belle navigation, nous nous trouvâmes en vue de la Martinique. Dès le matin, des matelots l’ayant aperçue du haut des mâts, avaient crié : terre ! terre ! mais de gros nuages bleuâtres nous en avaient dérobé la vue pendant tout le jour. Épuisé de fatigue, j’étais resté tout l’après-midi dans ma cabane. On me réveilla alors : je montai précipitamment sur le pont, et de là je vis ce tableau si nouveau pour moi, d’une île dont