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vous appeler de nouveau à vos travaux accoutumés ; tandis que la fougue des vents pourrait encore soulever les flots et nous précipiter dans les noirs abîmes de l’Océan, ou nous briser contre les affreux rochers qui défendent votre séjour !

Ce fut dans de semblables réflexions que je passai le reste de la nuit assis sur un des bancs de quart. L’espérance et la crainte agitaient, tour à tour, diversement mon âme ; ou bien, je me figurais le navire à l’ancre et je formais des projets ; ou bien, la distance que nous avions encore à parcourir remplissait mon imagination de lugubres images.

Enfin, le jour parut : c’était le 11 novembre ; nous nous trouvâmes devant la rade de Saint-Pierre. Nouveau spectacle ! cette rade, si fertile en naufrages, présente à l’œil un arc assez ouvert sur lequel est bâtie la ville qui, de toutes parts, est dominée par de hauts mornes au-dessus desquels s’élève avec majesté la montagne Pelée qu’on dit être un volcan éteint. Nous louvoyâmes pendant quatre heures environ avant de pouvoir aborder. Pendant ce temps, mes regards se promenèrent sur les montagnes et dans les vallées qui s’offraient à eux de tous côtés. Ils erraient d’habitation en habitation, et toutes ces demeures sont situées agréa-