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blement sur des hauteurs et représentent des hameaux plus ou moins ombragés et toujours pittoresques.

Les officiers s’amusèrent à pêcher un gros requin qui suivait le navire. Ils suspendirent, pour cela, un morceau de viande à un pesant crochet ; le vorace poisson avala tout. On le hala à bord et les pauvres petits pilotes qui l’accompagnaient, se voyant sans abri et sans défense, s’enfuyaient éperdus. Cet animal se débattit longtemps avant de mourir : il paraissait furieux ; je lui enfonçai bien avant dans le corps, et à plusieurs reprises, un levier qu’il mordit de manière à y laisser de profondes empreintes de ses dents ; il fit, une fois, un si grand effort contre le levier, qu’il me poussa rudement sur des mâts de rechange qui me firent tomber. Les matelots l’achevèrent et en firent cuire une partie. J’eus la curiosité d’en goûter : la chair est huileuse et un peu coriace ; sans cela, elle offrirait un mets assez délicat.

Comme ma barbe était un peu longue, je voulus me raser avant de mettre pied à terre. Je descendis donc dans la chambre pour cet effet. J’étais à moitié de mon opération, quand une horrible secousse se fit ressentir dans le bâtiment, en même temps