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et les étoiles commençaient déjà à briller au firmament. La tête appuyée sur une de mes mains, je réfléchissais aux vicissitudes de la vie, quand, soudain, dans une chambre dont les fenêtres, tout ouvertes, se trouvaient vis-à-vis les miennes, parut une mulâtresse bien vêtue, tenant à la main une lumière qu’elle vint en hâto déposer entre les deux croisées. Une dame très-richement parée entra aussitôt. Cette dame, du milieu de la chambre, fixant ses regards du côté de la lumière, me fit croire, par ses gestes, qu’il y avait là une glace où se réfléchissait sa beauté. Naturellement un peu curieux, mais pourtant discret, je voulus voir la suite d’une scène qui commençait si bien ; je suspendis mes réflexions sérieuses pour y porter un moment mon attention. Cette dame, d’un air gracieux, ôte son chapeau, orné d’une couronne de roses qui, par leur éclat et leur fraîcheur, rivalisaient avec celles que fait naître le printemps. La mulâtresse s’en saisit et le dépose sur une chaise. Le léger fichu de gaze qui posait négligemment sur ses épaules, la ceinture élégante qui faisait si bien ressortir et la finesse de sa taille et ce qui fait ordinairement la gloire et l’orgueil des jeunes personnes du sexe, la robe aux riches garnitures, le corset à large baleine, tout cela suit bientôt le chapeau. Il ne restait plus que le léger tissu qui couvrait le