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satin de sa peau ; l’esclave favorite en agite un moment les plis, comme si quelque insecte importun s’y fût logé. Enfin, ce dernier voile tombe !… Cet attentat à la pudeur me fit frissonner d’indignation. Le bruit que je fis en me retirant de ma fenêtre, les avertit, sans doute, qu’elles étaient aperçues. La mulâtresse pousse les jalousies y la Vénus s’enveloppe dans une robe de chambre et se couche mollement sur un canapet, et toutes deux firent entendre de longs éclats de rire. On conçoit que cette scène, toute nouvelle pour moi, me donna une idée assez défavorable de la moralité des créoles.

Comme ce n’était point à la Martinique que j’avais résolu de me fixer, je sortis le lendemain de grand matin pour aller arrêter mon passage sur le premier bâtiment qui se dirigerait vers la Guadeloupe. Il n’y avait alors qu’un petit bateau qui fût en chargement pour cette colonie. Il me répugnait singulièrement, je l’avoue, de m’embarquer sur un aussi frêle bâtiment. Pourtant, la crainte d’être atteint de la fièvre jaune, leva ma répugnance : il devait partir le lendemain ; je me décidai à en profiter. Cette affairé terminée, j’allai distribuer quelques lettres dont je m’étais chargé en France, ce qui me donna l’occasion de voir la ville.