Page:Longin - Voyage a la Guadeloupe, 1848.djvu/59

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 51 —

habitants ne font sur leurs terres que les vivres nécessaires pour leur maison.

Tout le monde n’est pas riche ; mais, par un sot et vain orgueil, tout le monde veut le paraître ; et, à la Guadeloupe comme partout ailleurs, tel qui n’a que le nécessaire veut rivaliser de luxe avec tel autre que l’aveugle fortune a comblé de ses dons ; le goût du luxe et d’une brillante toilette tourmente principalement les femmes ; or, pour le satisfaire, voici comment s’y prennent la plupart de celles qui n’ont que bien juste de quoi fournir aux dépenses de leur maison ; dès l’aube du jour, elles envoient sur les chemins une domestique de confiance acheter, des nègres qui descendent des habitations, une certaine quantité de vivres qu’elles ont, par ce moyen, au-dessous du cours ; cette domestique va de là s’établir sur la place du marché, et, en détaillant ces vivres, fait un bénéfice quelconque ; et c’est ce bénéfice qui procure à madame ou à mademoiselle cette ceinture, ce fichu d’un nouveau genre, cette robe d’un goût tout moderne, etc. ; c’est ce bénéfice qui rafraîchit les plumes ou les fleurs de ce beau chapeau de paille fine d’Italie qui orne si gracieusement sa tête et la protège contre les ardeurs d’un soleil des plus ardents, qui ne respecte rien.