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Caractère, mœurs, éducation des créoles blancs.

Beaucoup de nonchalance et de paresse dans les exercices du corps, beaucoup de fausseté dans les opérations de l’esprit, et pourtant beaucoup de présomption ; des passions fougueuses à l’excès, un orgueil démesuré qui fait qu’ils se croient au-dessus de tous leurs semblables, quoique d’ailleurs leur origine, qui ne se perd pas encore dans la nuit des temps, n’ait rien de bien brillant ; de la coquetterie chez les femmes, de la galanterie chez les hommes, voilà à peu près le fond du caractère des créoles. Chez eux, la fortune tient lieu de tout. Est-on riche, on est savant, plein d’esprit, on est prince, on est roi ; est-on pauvre, ou n’a-t-on que le simple nécessaire, eût-on d’ailleurs un génie transcendant et des qualités éminemment remarquables, on n’est qu’un pauvre diable, indigne des regards de ces divinités insulaires. On ne s’étonne pas que le créole fasse son idole de la richesse, parce que, ne vivant pour ainsi dire que de passions, la richesse toute seule peut lui fournir les moyens de les satisfaire. Mais qu’il ne regarde, et n’accueille qu’avec un mépris insultant quiconque n’a pas, comme lui de vastes domaines, qu’il se croie, au-dessus de tous les hommes, uniquement parce qu’il est riche, c’est ce qu’on ne saurait lui