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passer ; car, si l’on on excepte quelques familles distinguées et vraiment recommandables, que sont, dans l’origine, ces dédaigneux créoles ? d’heureux aventuriers dont l’unique talent fut de contraindre, par la force, des hommes comme eux de sacrifier à leur vanité leurs veilles, leurs sueurs et même les plus doux sentiments de la nature.

Il est pénible de le dire, mais malheureusement rien n’est plus vrai, s’il y a des mœurs à la Guadeloupe, il n’y a guère de moralité, moins encore de religion ; la vertu n’y est qu’un nom qu’on ne comprend pas ; et, nulle part, la morale d’Épicure n’eut plus de partisans. Avoir toujours bonne table, s’amuser, jouir, comme on dit, de la vie, c’est la philosophie du créole.

À leurs discours, cependant, quelquefois à leur extérieur, on jugerait les créoles plus favorablement ; en les étudiant, le charme cesse bientôt.

Si le désordre moral est extrême à la Guadeloupe, si l’appât des richesses y fait commettre tant d’injustices, il ne faut pas s’en étonner ; l’instruction religieuse y est à peu près inutile ; on n’a pas soin, comme on Europe, d’inspirer de bonne heure aux enfants la crainte et l’amour de la divinité ; on les