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Savoir lire et écrire, un peu de grammaire, de géographie, les premières règles de l’arithmétique, quelques éléments d’histoire, voilà l’éducation que reçoivent chez eux les créoles des deux sexes et le nec plus ultrà de ce qu’on en peut attendre, n’étant point susceptibles du degré d’application qu’il faut apporter pour de profondes études.

Si nous voulons découvrir la cause de cette inapplication chez les jeunes créoles, c’est, je pense, dans la manière de les élever durant leurs premières années qu’il la faut chercher. Une tendresse aveugle, pour ne pas dire coupable, dans les parents, fait qu’on passe tout à l’enfant, même les caprices les plus bizarres ; tout ce qu’il dit, tout ce qu’il fait est bien ; tout cède à ses fantaisies ; il devient nécessairement volontaire, indocile, colère, entêté ; on lui laisse un empire absolu sur les esclaves de la maison ; il les tyrannise à son gré : il n’a jamais tort. On lui inspire dès le berceau l’amour du luxe et l’orgueil des richesses ; loin d’étouffer ses passions naissantes, on les allume au feu d’un scandaleux exemple ; on n’a devant lui aucune retenue, ni dans les discours ni dans les actions ; c’est quand il est ainsi préparé et qu’il a atteint dix, douze ou quinze ans, qu’on l’envoie aux écoles. On vient dire à un maître : Voici mon fils, faites-on