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Le Roi.

Vous serez sans doute étonnée, belle Madame, que le prince ne soit pas sorti au-devant de vous… C’est qu’il s’imaginait que vous viendriez par terre, et il est allé vous chercher en poste. Mais d’ici à deux ou trois jours il sera averti et il accourra vous présenter ses hommages et vous serrer dans ses bras.

Madame.

Je suis fâchée que monseigneur le prince se soit donné cette peine ; mais il en sera vengé par l’impatience avec laquelle nous l’attendons.

Une Voix derrière la scène.

Arrête ! arrête !

Le Roi.

Quelle est cette troupe, mon ami, qui chemine vers la forêt ?

Rufino.

Ce sont les domestiques de la duchesse Celia. Elle vient ce soir à cette ferme pour être la marraine de noce de la fille du meunier.

Le Roi.

Dis-moi, penses-tu que la maison puisse contenir quelques hôtes de plus ?

Rufino.

Je vous comprends, sire, et je réponds que la maison est assez vaste pour contenir deux fois plus de monde.

Le Roi.

Eh bien ! en ce cas, la duchesse aura un hôte puissant et une hôtesse charmante. Fais en sorte qu’on nous apporte promptement de la cour ce qui est nécessaire pour la nuit. Madame Fleur-de-lis fera demain son entrée avec plus d’éclat et de pompe. — Venez, madame, vous reposer, et demain nous irons à la ville.

Le roi, Madame et le Cortège sortent.
Rufino.

Le roi a eu là une idée singulière de vouloir s’arrêter ici. C’est son amour pour la duchesse qui sûrement la lui a inspirée. Il n’est heureux qu’auprès d’elle, et, afin de jouir de sa vue, il passe la nuit dans la campagne avec Madame de France.


Entrent L’INFANT et LE COMTE, toujours déguisés.
L’Infant.

Il y a bien du bruit, Martin, à la maison. On dit que c’est Madame de France qui arrive.

Rufino.

Holà, meunier !

Le Comte.

Qui appelle ?

Rufino.

Quand vient la duchesse ?