Page:Lope de Vega - Théâtre traduction Damas-Hinard tome 1.djvu/250

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Pélage.

Quelle signalée faveur !

Sanche.

Le magnifique présent !

Pélage.

Le présent magnifique !

Sanche.

La rare générosité !

Pélage.

La générosité rare !

Tello.

Quel est cet homme qui répète comme une espèce d’écho toutes vos paroles ?

Pélage.

Je suis un homme qui répète à l’envers toutes ses paroles.

Sanche.

C’est un des gens de Nuño.

Pélage.

Oui, son enfant prodigue.

Tello.

Que dis-tu ?

Pélage.

Je suis le gardien de ses pourceaux, et moi aussi, je venais vous demander une grâce.

Tello.

Qui épouses-tu, toi ?

Pélage.

Pour le moment personne, monseigneur : mais je viens vous demander un petit cadeau de moutons pour le cas où le diable viendrait à me tenter[1] : autrement je reste garçon. Un astrologue m’a dit jadis à Salamanque de bien prendre garde à l’eau et aux taureaux ; et pour éviter le danger, je ne me marie pas et je bois sec !

Feliciana.

Le drôle d’homme !

Tello.

Il est plaisant.

Feliciana.

Allez, Sanche, et soyez heureux. Toi, Celio, envoie chez lui au plus tôt le bétail que mon frère lui donne.

Sanche.

Je n’ai pas assez d’esprit pour vous exprimer dignement ma reconnaissance.

Tello.

Et quand songes-tu à te marier ?

  1. Le mot espagnol carnero (mouton, bélier, animal à cornes) a un double sens d’un délicatesse équivoque.