Page:Lope de Vega - Théâtre traduction Damas-Hinard tome 1.djvu/251

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Sanche.

Mon amour voudrait bien que ce fût pour ce soir même.

Tello.

Eh bien, puisque déjà le soleil, entouré de nuages d’or, commence à descendre vers l’occident, va-t’en faire les préparatifs. Ma sœur et moi nous assisterons à ta noce. — Holà ! que le carrosse soit prêt !

Sanche.

Mon cœur et ma bouche, seigneur, ne cesseront de vous louer et de vous bénir.

Il sort.
Feliciana.

Et vous, vous ne voulez donc pas absolument vous marier ?

Pélage.

Moi, madame, j’aurais volontiers épousé sa future, qui est bien vraiment la plus jolie bergère de toute la Galice ; mais elle a su que je gardais les pourceaux, et elle m’a traité comme si j’en étais un autre[1].

Feliciana.

Ma foi ! mon ami, elle est fort excusable.

Pélage.

Mon Dieu ! madame, chacun ici-bas garde comme il peut…

Feliciana.

Quoi donc ?

Pélage.

Ce qu’il doit garder.

Il sort.
Feliciana.

Ce garçon-là m’amuse.

Celio.

Maintenant qu’il est parti, ce villageois, — qui n’est pas si bête qu’il le paraît, — je puis assurer à vos seigneuries qu’Elvire est en effet la plus jolie fille qui soit au monde, et que par sa figure, son esprit, sa vertu, elle serait digne du plus noble gentilhomme d’Espagne.

Feliciana.

Vraiment ! elle est si jolie ?

Celio.

C’est un ange.

Tello.

À la manière dont tu l’exaltes, on dirait que tu en as été amoureux ?

Celio.

Un tant soit peu ; mais ce n’est pas ça qui me fait parler ainsi.

  1. Supo que puercos guardava,
    Y desechóme por puerco.