Page:Lope de Vega - Théâtre traduction Damas-Hinard tome 1.djvu/336

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Palca, effrayée.

Ah !

Colomb.

Avez-vous vu comme elle a reculé avec épouvante ? — Retenez-la. (À Palca, en lui donnant des sonnettes.) Tiens, prends ceci.

Palca, à part.

Ciel ! une autre Palca comme moi a pris ceci en même temps.

Colomb.

Donnez-lui un collier.

Palca.

Encore l’autre Palca.

Terrazas.

Elle est toute absorbée par le miroir.

Frère Buyl.

Le vif-argent ne se vendrait pas si cher si nos dames espagnoles avaient aussi peur du miroir[1]. (À Palca.) Va, et appelle les autres. (Aux Espagnols.) Donnez-lui quelques colliers pour qu’elle les donne aux autres.

Palca, à part.

Il me dit d’aller chercher les autres. J’y vais tout de suite.

Elle sort.
Colomb.

Pendant qu’elle va chercher ses compatriotes, préparons nos armes.

Barthélemy.

Tu as raison ; il est sage de ne pas se laisser prendre au dépourvu. Tu dois toujours avoir présent à l’esprit, ô mon frère ! ce qu’il en coûta au grand Alexandre pour n’avoir point pris de précautions parmi les nations barbares où il porta son drapeau victorieux.

Colomb.

Il est différent de l’ancien, ce monde, qui est mon domaine, ou, pour mieux parler, le domaine de Ferdinand d’Espagne, pour qui l’a conquis votre valeur. Alexandre, tout grand qu’il était, n’a jamais vu ce monde, que Colomb a découvert, et sur lequel vous posez en ce moment les pieds.

Frère Buyl.

Cependant, de quelle Inde voulait-il parler en écrivant à son maître Aristote, ainsi que cela se voit dans Quinte-Curce ?

Colomb.

De celle qui était alors découverte. Quant à celle-ci, Ptolémée lui-même ne l’a pas connue.

  1. Poco soliman vendieran
    Si assi del espejo huyeran
    Las mugeres de Castilla.