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que Calderon à son tour s’empara de la scène, il est à supposer qu’on n’aura imprimé que le complément des vingt-cinq volumes que nous possédons, sauf la réimpression de quelques livrets malheureusement revus et corrigés par la main audacieuse et inhabile de Trigueros.

Toutefois nous pensons qu’un certain nombre de pièces se seraient perdues. Car, selon toutes les probabilités, la plupart de celles qui sont citées dans la liste du Peregrino ont dû être imprimées, et nous n’en avons guère que la moitié.

Des pièces qui se trouvent dans cette liste et qui sont venues jusqu’à nous, il en est une vingtaine que nous comptons parmi les meilleures de Lope ou les plus intéressantes, comme le Chien du jardinier, — la Veuve de Valence, — la Nécessité déplorable, — Fuente ovejuna, — le Roi Wamba, — l’Acier de Madrid, — l’Enfant innocent, — les Délicatesses de Belisa, — la Découverte du nouveau monde, — la Constance dans le malheur, etc., etc., etc. Mais il en est plusieurs qui doivent avoir été imprimées, qui se seront perdues, et qui sont, à notre avis, fort regrettables. Telles seraient : la Conquête de Fernand Cortez (la Conquista de Fernando Cortez), le Procès d’Angleterre (el Pleyto de Ingalaterra), où le poëte avait, dit-on, peint la lutte de Marie Stuart et d’Élisabeth, — le Vaillant Jacobin (el Gallardo Jacobin), qui pourrait bien être l’histoire de Jacques Clément, etc., etc., etc.

En combien de temps Lope composait-il ses comédies ?

La facilité extraordinaire de Lope a été encore exagérée, et l’on a dit là-dessus des choses non moins extraordinaires.

« Il donnait, dit le traducteur anonyme de la Bibliothèque des Romans, il donnait chaque jour, ou tous les trois jours au plus tard, une nouvelle œuvre. » Tous les trois jours au plus tard ! Lope était un poëte fort exact.

Voici mieux encore. Le critique italien Signorelli, qui d’ailleurs connaissait parfaitement la littérature espagnole, s’exprime ainsi : « Il improvisait tous ses ouvrages, et particulièrement les comédies, ayant l’habitude de composer une pièce en deux jours. » Une pièce en deux jours ! N’est-il pas singulier, dès lors, que Lope n’ait laissé que quinze cents comédies ?

Bouterweck est allé plus loin. Dans son Histoire de la litté-