Scène III.
Comment oses-tu venir ici ?… Ne sais-tu donc pas le sort qui te menace ?
J’ai voulu te donner une preuve de mon amour, pour te montrer ce que tu me dois. Du haut de ce coteau, j’ai vu partir le commandeur ; je n’ai plus pensé qu’à toi, et j’ai perdu toute crainte. — Puisse-t-il s’en aller en un lieu d’où jamais il ne revienne !
Point de malédiction ! Ignores-tu que ceux dont on souhaite la mort vivent plus longtemps ?
S’il en est ainsi, qu’il vive des siècles ! et tout ira bien si, en faisant des vœux pour lui, il peut lui en arriver du mal. Mais, ma chère Laurencia, dis-moi, mon amour est-il présent à ta pensée ? et ma constance a-t-elle enfin obtenu le retour qu’elle mérite ? Songes-y, toute la ville nous regarde presque comme étant déjà mariés, et s’étonne de ces retards ; laisse là tes dédains accoutumés, et réponds-moi oui ou non.
Eh bien, à toute la ville et à toi, je réponds que je ne demande pas mieux.
Ah ! pour cette réponse je veux baiser tes pieds ; elle fait mon bonheur, elle me rend la vie !
Point de compliments, et pour réussir plus vite, parle, Frondoso, à mon père, qui vient avec mon oncle. C’est là l’essentiel. Sois sûr, mon ami, que je serai heureuse d’être ta femme.
Je mets ma confiance en Dieu.
Il a mis sens dessus dessous toute la place, se conduisant d’une façon inouïe. Il n’est personne qui ne soit révolté de ses excès. Mais c’est la pauvre Jacinthe qui a le plus à se plaindre de sa tyrannie.
Bientôt l’Espagne obéira à ses rois catholiques : car c’est le nom que déjà on leur donne. Déjà Saint-Jacques vient lui-même à cheval commander en chef le siége de Ciudad-Réal, occupée par Giron.