Page:Lope de Vega - Théâtre traduction Damas-Hinard tome 2.djvu/135

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le grand Maître.

Au moins, dans leur victoire, ils ne pourront pas se vanter d’emporter l’étendard de Calatrava, qui aurait suffi à la gloire de leur entreprise.

Le Commandeur.

Je pense, grand maître, qu’il vous faudra renoncer à vos projets.

Le grand Maître.

Que voulez-vous ? L’aveugle fortune semble n’élever un jour un homme que pour l’abattre le lendemain.

Des voix, du dehors.

Victoire ! victoire pour les rois de Castille !

Le grand Maître.

Les voilà qui couronnent de feux et de lumières les créneaux des remparts, et qui attachent aux fenêtres des tours les drapeaux victorieux.

Le Commandeur.

Leurs drapeaux sont couverts de leur sang, et c’est pour eux plutôt une tragédie qu’une fête.

Le grand Maître.

Fernand Gomez, je retourne à Calatrava.

Le Commandeur.

Et moi, je me retire à Fontovéjune, en attendant que vous vous décidiez, soit à suivre le parti de votre famille, soit à vous soumettre au roi.

Le grand Maître.

Mes lettres vous instruiront de ma résolution.

Le Commandeur.

Le temps vous éclairera.

Le grand Maître.

Hélas ! ma jeunesse n’a déjà que trop acquis d’expérience !

Ils sortent.



Scène V.

Entrent FRONDOSO, LAURENCIA, ESTÉVAN, JUAN ROXO, ALONZO, BARRILDO, MENGO, Villageois, Villageoises et Musiciens.
Musiciens.

Chantons cet heureux jour,
Et que les deux époux
Toujours contents
Vivent longtemps.

Mengo, à Barrildo.

Sur ma foi ! tu n’as pas dû te donner beaucoup de mal pour composer ces vers-là.

Barrildo.

Fais-en donc, toi, un peu, et nous verrons.