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la saison, dans les champs, les petits garçons que l’on met à droite et à gauche pour garder soit les noix, soit les châtaignes, et qui font très-prudemment leur provision. — Eh bien moi, j’étais gardien à la cuisine, et j’ai eu soin d’emporter pour le voyage.

Ruben.

Oh ! toi, si l’on te donne à manger, tu n’iras jamais de main morte.

Bato.

Que voulez-vous ? On a beau dire, la principale affaire de ce monde c’est de manger, de manger plus ou moins ; et la grande différence entre les riches et les pauvres, c’est que les premiers mangent beaucoup et que les seconds ne mangent pas.

Benjamin.

Qui sont ces gens-là ?

Issacar.

Au costume on peut croire qu’ils sont de la maison du roi.

Ruben.

Peut-être nous cherchent-ils ?

Bato.

Nous chercher ! et pourquoi ?


Entrent PUTIPHAR et des Soldats.
Putiphar.

Arrêtez, arrêtez, traîtres !… Héraclio, empêche les autres de passer outre… Un moment, perfides Hébreux !

Ruben.

Est-ce à nous que tu parles ?

Putiphar.

À vous-mêmes. — Comment donc, infâmes, après avoir reçu tant de bienfaits d’un prince si miséricordieux envers les étrangers ; comment, lorsqu’il abaissait jusqu’à vous la suprême puissance, et qu’il honorait votre bassesse en mangeant avec vous ; — comment alors lui avez-vous dérobé sa coupe ?

Ruben.

Que dites-vous ?… Sa coupe ?… Nous ?

Putiphar.

Le chef d’office ne l’a plus retrouvée.

Ruben.

Calmez votre colère. Notre loyauté est irréprochable. Quelle preuve plus grande pouvions-nous en donner que de vous avoir restitué l’argent que nous avions emporté en nos sacs dans notre pays ?

Putiphar.

Vous l’avez restitué afin d’éviter le châtiment qui vous attendait. — Déliez vos sacs.

Ruben.

Je vous le répète, si vous trouvez le moindre objet de valeur