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Trebiño.

Vous êtes poëte, puisque vous parlez par images.

Orozco.

Je ne le suis plus à présent ; mais il est vrai que je l’étais en Espagne.

Campuzano.

Étiez-vous de ceux qui invoquent la muse cultivée, et qui distillent leurs vers à l’alambic[1] ?

Orozco.

Non pas ; j’étais tout bonnement un imitateur de Laso et de Manrique[2].

Le Capitaine.

Allons, messeigneurs, jouons.

Campuzano.

Qu’on apporte des dés !

Trebiño.

Les dés !

Le Capitaine, à Phénice.

Si les Espagnols s’habituent à venir jouer chez vous, vous aurez des journées qui vous vaudront cent ducats et même deux cents.

Un Écuyer et deux Domestiques apportent une table à jeu. Le Capitaine, Campuzano, Trebiño et Orozco s’asseyent autour de la table et commencent à jouer. L’Écuyer sort.


Entre TRISTTAN.
Tristan, à Phénice.

Puis-je vous parler ?

Phénice.

Que voulez-vous ?

Tristan.

Mon maître est à la porte.

Phénice.

Que désire-t-il ?

Tristan.

Vous êtes singulières, mesdames ! il vient dîner, par Dieu ! ne l’avez-vous pas invité ?

Phénice.

Moi !

Tristan.

Vous ne vous en souvenez plus ?

Phénice.

Est-ce qu’il est l’heure ?

Tristan.

Comment ! une heure vient de sonner.

Phénice.

Une heure ! cela n’est pas possible.

  1. Lope ne laisse guère échapper l’occasion de lancer une épigramme contre Gongora et les Cultistes.
  2. Garcilaso de la Vega ou, familièrement, Laso, est un des grands poëtes espagnols du seizième siècle. Jorge Manrique est un poëte distingué de la même époque.