Page:Lope de Vega - Théâtre traduction Damas-Hinard tome 2.djvu/71

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Bernardo.

On a frappé ?

Fabio.

Je crois que oui.

Bernardo.

L’occasion est perdue.

Fabio.

Nous la retrouverons.


Entrent PHÉNICE et CÉLIA.
Phénice.

Il y a bien longtemps que je désirais visiter votre maison.

Dinarda.

Ô Phénice ! ô madame ! ô mon aimable Célia, véritable aurore du soleil qui rayonne dans mon cœur ! je ne m’attendais pas à ce que cet humble logis reçût aujourd’hui tant de gloire.

Phénice.

Où est le capitaine ?

Dinarda.

Il est sorti.

Phénice.

Je viens chez vous, mon divin Espagnol, bien fatiguée. J’ai couru toute la matinée pour faire quelques emplettes.

Dinarda.

Voudriez-vous vous reposer et accepter une légère collation ?

Phénice.

Les seuls rafraîchissements que je désire, ils sont sur ces lèvres vermeilles que je contemple avec joie.

Dinarda.

Je vous offre timidement, — comme n’étant pas dignes de vous, — du sucre des Canaries et les confitures les plus renommées de Valence et de Lisbonne.

Fabio, bas à Bernardo.

Je suis content que Phénice soit venue ici : nous saurons à quoi nous en tenir.

Bernardo.

Tais-toi, point d’imprudence !

Phénice.

Que vous êtes singulier, don Juan ! Vous agissez au rebours des autres cavaliers : eux, ils embrassent et ils n’offrent rien ; vous, vous offrez et vous n’embrassez pas.

Dinarda.

Ne m’adressez plus ces reproches, Phénice. J’oublie tout pour vous, pour vous je renonce à un fol honneur.

Phénice.

Montrez-moi donc votre appartement.