Tous ces ducats, Phénice, m’ont l’air d’un appât de nouvelle sorte pour votre hameçon.
Maintenant que j’ai pris mes informations, je n’ai pas peur de lui jeter celui-là inutilement. Va m’appeler le Capitaine.
Le voici lui-même qui vient.
J’allais vous envoyer chercher.
En quoi puis-je vous servir ?
Je veux prêter de l’argent à un homme à un intérêt fort raisonnable… pour moi ; et comme j’attends en outre un autre bénéfice, je voudrais que vous eussiez la complaisance de dire que cet argent vient de vous, qu’il appartient à des demoiselles de votre connaissance.
Est-ce qu’on ne vous donne pas de caution ?
Si fait ; on me donne au moins cinquante caisses de draps et de soies de Valence, et, de plus, cent tonneaux d’huile enregistrés. Tout cela est emmagasiné à la douane ; — j’ai les clefs du magasin, et rien n’en sera livré sans mon aveu ni au maître ni à personne.
À merveille ! cela va bien.
Pourquoi ne vous approchez-vous pas, don Juan ?
Parce qu’il est confus de certaines tentatives.
Ce sont là vos plaisanteries accoutumées.
Comment ! des plaisanteries ! non pas, non pas, vive Dieu ! Tout à l’heure ayant appris que vous étiez allée chez lui, il ne s’en est fallu de rien que je ne lui perçasse le cœur de mon poignard. Heureusement pour lui qu’il m’a demandé pardon, et qu’il m’a apaisé en me disant que s’il vous a parlé, c’était avec l’intention de vous épouser. Moi, rencontrant une occasion si favorable, je me suis décidé à renoncer à mes plaisirs et à mes droits ; espérant que s’il vous emmène avec lui en Espagne, et si je vous retrouve là-bas un jour ou l’autre, vous vous souviendrez que vous me devez votre situation.
Ah ! capitaine, vous me trompez !