Page:Loranger - Les atmosphères.djvu/46

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de la fenêtre. Par intervalles, des sons de voix venaient aussi jusqu’à lui.

Alors, il vint au fond de cet homme, non pas une crainte de ce qu’il allait peut-être ne pas réussir, mais l’angoisse que connaissent ceux qui ne font pas un mauvais coup d’une manière désintéressée. Avec cet esprit de vengeance, que la fatigue de la route avait exagéré, il avait peur de ne pouvoir pas maîtriser toute la poussée fiévreuse qui donnait à ses mains une envie d’étranglement. Il aurait volontiers mieux aimé un corps-à-corps brutal, dans lequel se serait assouvi le trop plein de force qu’il éprouvait, que le travail délicat de dévaliser une maison, sans rien déranger du sommeil du propriétaire. En résumé, l’homme en voulait plus, en ce moment d’attente fiévreuse, à la gorge du propriétaire qu’à sa bourse.

Mais il fallait éviter ça. Cette pensée d’un meurtre le fit frissonner. Il éprouva le malaise de sa chair épouvantée.

Par une brèche du mur, il apercevait au loin les lumières du village qui tremblotaient dans des feuillages. Il les vit s’éteindre une à une, puis après, il n’y

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