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L'Air et la Vitesse


billé en un rien de temps, elles s’arracheraient et tomberaient sous l’effet de leur propre poids.

La considération de cette utopie conduit à des constatations amusantes : c’est ainsi que chez les géants, il est très difficile de se mouvoir et impossible de courir. À la cadence du pas accéléré, la vitesse tangentielle du pied serait telle que la résistance de l’air dépasserait celle que nous éprouvons pour marcher dans l’eau.

Ce qu’il importe de retenir, c’est que le géant est fragile, statiquement fragile, dynamiquement fragile. Mais il y a plus : il est impotent ; l’inertie de ses masses s’oppose aux mouvements rapides et légers. Fragilité et impotence, telles sont les caractéristiques de la construction au delà de l’échelle.


Appliquons ces considérations aux constructions aéronautiques. Voyons d’abord si les constructions issues de l’idée géniale de Montgolfier, si les ballons sont à l’échelle.

Pour le sphérique, la répartition parfaite des pressions dans tous les azimuts, la symétrie des efforts qui en résulte font, comme conséquence, que la variation des dimensions homologues a une influence lente sur les conditions d’établissement, autrement dit, l’échelle possible subsiste dans des limites assez vastes et, au point de vue purement statique, le géant n’est pas bien caractérisé. Il faut faire intervenir la dynamique, les remous de l’atmosphère, pour trouver la limite du sphérique.

Quant au dirigeable, la question est entièrement différente. De par sa forme spéciale, la rigidité de la carène doit être maintenue par des procédés appropriés et avec des difficultés d’autant plus grandes que les dimensions homologues et la vitesse propre sont plus grandes. Pratiquement, il a été reconnu qu’au delà d’un certain cubage, le système souple est à rejeter. Et nous arrivons au rigide, au zeppelin. Est-il un type de construction