Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/16

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marchait derrière ou devant moi, je ne sais plus au juste, quand un léger bruit de voix nous faisait lever simultanément la tête.

De l’autre côté des dahlias doubles, les pieds dans l’herbe mouillée des pelouses, une dame était debout à quelques pas de moi.

Grande, mince et d’une souplesse de taille singulière dans un carrick à petits collets de drap ventre de biche (une nuance d’une douceur extrême à l’œil et dont je n’ai su le nom que bien longtemps après) elle m’apparut, et dans son vêtement et dans ses allures, dans sa grâce même, comme une personne d’une autre race, d’une nature autre que ma mère et les femmes de la ville, que je voyais tous les jours.

Sa mise était cependant des plus simples : depuis j’ai compris que ce jour-là elle était en costume de voyage ; mais c’était la première fois que je voyais un carrick à petits collets, et puis la femme qui portait ce carrick était d’une beauté si délicate et si blanche, son cou se détachait si mince et avec une telle élégance, non déjà vue, au-dessus du drap de ce manteau, son visage ovale et peut-