Page:Lorrain - Buveurs d’âmes, 1893.djvu/36

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sienne, prise au charme certain des mots de plantations, de maïs.


7 JUIN. — On ne se console de rien, le temps passe et l’on oublie.

(barbey d’aurevilly)

J’ai passé une nuit affreuse, toute la nuit mon âme a flotté à la dérive, emportée sous je ne sais quels ciels livides au courant mort et stagnant de je ne sais quelles eaux mornes !

Au pays de l’amour misérable et splendide…

Où ai-je lu ce vers ? je ne le sais même plus, tant la mémoire me trahit, mais c’est bien là le pays d’où je viens, misérable et splendide, ensoleillé et morne.

La tristesse de la vie, c’est la déprimante certitude que l’on a du recommencement de tout, du manque absolu d’imprévu, de nouveau et d’aventure, et du perpétuel ressassement des mêmes stupides ennuis. C’est cette désespérante certitude, dis-je, jointe à l’expérience acquise que les rares heures de passion vécue, douleur ou joie, ne se revivront jamais plus, que tenter de les évoquer est folie et que tout