Page:Loti, Matelot (illustration de Myrbach), 1893.djvu/242

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ensemble, tombèrent. Et les deux cents jeunes têtes apparurent, découvertes maintenant, presque toutes blondes, tondues ras, semblables à des velours ayant, dans la pénombre, des reflets clairs ; les épaules musculeuses, dessinées sous la toile usée des costumes, se pressaient en une seule masse et subissaient, au roulis, un même balancement monotone.

« Notre Père, qui êtes aux Cieux… » commença le prêtre, de sa voix qui tremblait un peu, qui n’avait pas, ce soir, son impassibilité d’habitude.

Alors, deux ou trois regards très enfantins se levèrent avec confiance vers le ciel, dont le prêtre parlait : il s’emplissait d’ombre, ce ciel, et, tandis que se continuait le Pater, autour d’eux tous, les pétrels et les albatros, mangeurs de débris, attardés dans le crépuscule, tournoyaient, tournoyaient avec les mêmes cris, chantant toujours, comme le vent et la mer, la chanson de la grande Transformeuse d’êtres, la chanson de la grande Mort.

La plupart des matelots avaient tourné