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Page:Loti - Jérusalem, 1895.djvu/40

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tertres funéraires ou tombeaux qui font corps avec la montagne. De distance en distance, à moitié obstruées, à moitié enfouies, s’ouvrent des portes de sépulcres, tout au bord de cette route — que nous suivons pensifs et de nouveau recueillis, à mesure que passe l’heure, pénétrés de je ne sais quelle très indicible crainte à l’abord de ces lieux qui s’appellent encore Bethléem et Jérusalem…

Toujours plus désolée et plus solitaire, la Palestine se déroule, infiniment silencieuse. À part cette route si bien aplanie, c’est presque le désert retrouvé, — un désert de pierres et de cyclamens, moins éclairé et plus septentrional que celui d’où nous venons de sortir. Et les grandes ruines informes, vestiges de temples, derniers pans de murs de saintes églises des croisades, regardent toujours la vaste et triste campagne, s’étonnant de la voir aujourd’hui si à l’abandon ; témoins des âges de foi à jamais morts, elles semblent attendre quelque réveil qui ramènerait vers la terre sainte les peuples et les armées… Mais ces temps-là sont révolus pour toujours et les regards des hommes se portent à présent vers les contrées de l’Occident et du Nord, où les âges nouveaux s’annoncent, effroyables et glacés. Et ces ruines d’ici ne seront jamais relevées, — et personne ne vient plus en Palestine, que quelques derniers pèle-