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Page:Loti - Jérusalem, 1895.djvu/54

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Ensuite reprend le cortège plus grave, plus archaïque, des bêtes et des bergers…

Les détails de ces campagnes immenses, déroulées devant nous, se fondent dans le crépuscule envahissant ; bientôt, les grandes lignes des horizons demeureront seules, les mêmes, immuablement les mêmes qu’aux temps des croisades et aux temps du Christ. Et c’est là, dans ces aspects éternels, que réside encore le Grand Souvenir…

Bethléem ! Bethléem !… Ce nom recommence à chanter au fond de nos âmes moins glacées… Et, dans la pénombre, les âges semblent remonter silencieusement leur cours, en nous entraînant avec eux.

Sur la route, des laboureurs et des bergers défilent encore, en silhouettes antiques, devant les grands fonds des vallées et des montagnes ; vers la ville, tous les travailleurs des champs continuent de s’acheminer. Tenant leur enfant au cou, ou bien le portant à l’égyptienne assis sur l’épaule, passent lentement, avec leurs longs voiles, leurs longues manches, les femmes de Bethléem…

Bethléem !… Ce nom chante à présent partout, en nous-mêmes et dans nos mélancoliques alentours. Au bruissement des grillons, aux sonnailles des troupeaux, au tintement des cloches d’église, les