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Page:Loti - La Galilée, 1896.djvu/101

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vivre avec Lui dans un rêve nouveau et céleste… Sur les lieux mêmes, dans la précision rapetissante des détails, lorsqu’on dégage le Christ et les apôtres de l’auréole légendaire, leur humilité devient un sujet troublant, tantôt de doute plus désolé, tantôt de confiance plus inespérée… C’était si peu de chose, au début, cette petite confrérie d’âmes orientales, rêveuses alors comme de nos jours, ignorantes de tout, des civilisations et des philosophies terrestres aussi bien que des lois cosmiques les plus élémentaires. et longuement indécises, pleines de défaillances et d’incrédulité auprès du jeune Maître. Mais ce qu’il disait, le Maître était tellement divin que nous en vivons ou que nous en mourons encore !… Les simples qui l’écoutaient nous l’ont transmis de leur mieux — oh ! bien imparfaitement sans doute, avec des naïvetés déroutantes comme les Synoptiques, ou bien avec un mélange de théories et de vanités personnelles comme saint Jean — et, malgré tout, cela a suffi à bouleverser et à régir le monde pendant dix-neuf siècles, et depuis, nous n’avons rien trouvé qui le vaille ni seulement qui en approche. Et nous restons, à notre insu, tellement imprégnés de cet enseignement du Christ que nos théories en apparence les plus nouvelles découlent encore de lui ; les socialistes