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Page:Loti - La Galilée, 1896.djvu/178

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Le soir, à l’heure du soleil rouge, nous arrivons, dans un faubourg éloigné, au tombeau de Mouhieddin Ibn-el-Arabi, qui fut le grand penseur mystique de l’ancienne Damas. Bafoué et persécuté de son vivant, il avait été jeté à la voirie le lendemain de sa mort. Mais il eut plus tard son apothéose ; on rechercha pieusement ses restes, le sultan Selim lui fit faire un somptueux sarcophage et un grand kiosque de faïence bleue pour son sommeil. C’est au fond de la cour d’une sainte mosquée dont la porte, très difficilement ouverte aux Infidèles, est surchargée, en son honneur, de vieux drapeaux verts portant des inscriptions religieuses. Dans le kiosque très vaste, dorment aussi quelques illustres et saints personnages, qui avaient demandé à être enterrés sous la protection du grand songeur béatifié ; leurs catafalques sont épars autour de celui de Mouhieddin Ibn-el-Arabi, que renferme une monumentale grille de cuivre merveilleusement ajourée et ornée de fleurs en argent repoussé. Du plafond, descendent des lanternes anciennes. Les faïences archaïques des murs représentent, en deux tons bleus sur fond bleuâtre, des séries de ces cyprès conventionnels qui reviennent si souvent jeter au milieu de la décoration arabe leurs lignes rigides. Par terre, ce sont de précieux tapis qui ont des