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Page:Loti - La Galilée, 1896.djvu/81

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sans accès, avec le silence et le désert étendus jusqu’à leurs portes !… D’après les traditions rabbiniques, Tibériade fut, dans l’antiquité chananéenne, Reccath ou bien Kinneroth, échue en partage aux enfants de Nephtali (Josué, XIX, 35). Au temps du Christ, elle était une ville toute neuve, inachevée même, que le fastueux Hérode Antipas reconstruisait en style gréco-romain, sur l’emplacement de la primitive Reccath et qui se peuplait d’étrangers idolâtres ; elle devait ressembler à Sebastieh, à tant d’autres créations de cette époque transitoire et affolée où la Palestine se couvrait de palais, de temples, de colonnes en un style nouveau, à la servile imitation de Rome. C’est dans l’Évangile de saint Jean qu’elle est une des premières fois désignée sous son nom actuel : « Et comme d’autres barques étaient arrivées de Tibériade… » (Jean, VI, 23.) Après la destruction de Jérusalem, les juifs, qui l’avaient dédaignée d’abord, en firent leur centre religieux et elle leur devint bientôt sacrée ; le Sanhédrin même quitta Sepphoris pour s’y réfugier. Pendant plusieurs centaines d’années, tandis que les idées chrétiennes commençaient à changer le monde alentour, elle demeura le centre obstiné et sombre du