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Page:Loti - Les Désenchantées, 1908.djvu/104

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là, de soigner son aspect pour l’arrivée d’Hamdi, car elle était la coquetterie même, devant son beau cousin surtout.

« Tenez, ma chère petite, reprit la vieille dame, en présentant un écrin fané, je vous ai apporté une parure de ma jeunesse ; comme elle est orientale, vous ne pourrez pas dire qu’elle est démodée, et elle fera si bien sur votre robe d’aujourd’hui ! »

C’était un collier ancien, qu’elle lui passa au cou ; des émeraudes, dont le vert en effet s’harmonisait délicieusement avec le rose du costume :

« Oh ! ça vous va, ma chère enfant, ça vous va, c’est à ravir !… Notre Hamdi, qui s’y entend si bien aux couleurs, vous trouvera irrésistible ce soir !… »

Elle-même y tenait, certainement, à ce que Hamdi la trouvât plaisante, car elle comptait sur son charme comme principal moyen de lutte et de revanche. Mais rien ne l’humiliait plus que cette manie qu’on avait de la parer du matin au soir : « Ma chère petite, relevez donc un peu cette gentille mèche, là, sur l’oreille ; notre Hamdi vous trouvera encore plus jolie… Ma chère petite, mettez donc cette rose-thé dans vos cheveux ; c’est la fleur que notre Hamdi préfère… » Tout le temps ainsi, traitée en odalisque, en poupée de luxe, pour le plus grand plaisir du maître !…